Extrait du Livre "L'honneur d'enseigner"

Ils étaient 5 à la porte de la maison mais le maître ne transmettrait son enseignement qu'à un seul d'entre eux. Le premier était venu avec son père.
L'homme riche et puissant déclara au maître : «Je souhaiterais que vous enseigniez à mon fils". Respectueux, le maître promit d’y réfléchir. Puis vint le second jeune homme, grand et fort, un vrai colosse. Lui aussi demanda au maître de le choisir. Ainsi que le troisième, svelte et souple, et le quatrième connu pour être l'enfant le plus intelligent du village.
A chaque fois le maître promit de réfléchir. Puis, ayant congédié les quatre candidats avec la plus grande politesse, le vieil homme remarqua un jeune garçon. Silencieux et humble, il était assis sous le saule pleureur qui jouxtait la demeure. Pendant 4 jours et 4 nuits, l'enfant ne bougea pas, la pluie qui tombait sans discontinuer et les nuits glaciales n'entamant en rien sa détermination. En effet, le respect et la profonde admiration qu'il vouait au vieux sage, le poussait à ne pas influencer le choix de celui-ci. A l'aube du 5ème jour, lorsqu'il se réveilla, le garçon se retrouva face à son ainé.
"Ce serait un honneur pour moi de vous enseigner" annonça ce dernier, un balai à la main.

C'est lors d'une de nos premières rencontres que Dominique évoqua cette histoire. Il venait tout juste de recevoir dans le dojo plusieurs personnes intéressées par l'Ecole d'Arts Martiaux des Grands Causses, lors d'une journée portes ouvertes.
Si nous n’étions que 2 à revenir sur la demi-douzaine de personnes présentes, une retint particulièrement mon attention. Une jeune fille qui ne devait pas avoir plus de 14 ans, sorte d'ovni dans cet univers masculin.
Lorsque Dominique lui demanda pourquoi elle était venue, je pense qu'il ne le fit pas au hasard. "Je veux faire du combat" répondit-elle. Etonné, le maître des lieux essaya en vain de faire comprendre à la jeune femme, les enjeux d'un affrontement et le long chemin qu'il fallait accomplir avant de pouvoir se confronter dans un combat, si amical soit-il.
A n’en pas douter, ce "je veux tout et tout de suite" irrita légèrement le maître et lui inspira, ou du moins, lui rappela, cette anecdote.

"L'Honneur d'enseigner" est un projet littéraire qui expose tout au long d'un récit la philosophie du Karate Ki Do